Hommage à Robert Martin

Professeur documentaliste au collège Jean Bouin à l'Isle sur la Sorgue, formateur IUFM à Aix en Provence,  Robert Martin fut également président de la Fadben aux niveaux académique et national. Il nous a quitté au mois de mars 2019.
Voici un texte de Françoise Albertini lui rendant hommage.

Crédit photo : Jack Toppin
Crédit photo : Jack Toppin

Après le décès de Robert, les témoignages ont été unanimes. L’Académie d’Aix-Marseille venait de perdre un éminent représentant de notre profession. Sa modestie aurait souffert de tous les propos élogieux à son égard mais ils ont été dits avec tant de sincérité qu’il aurait fini par les accepter, je pense.

En fait, à travers ces quelques mots, je voudrais lui rendre hommage car bien entendu sa disparition laisse un grand vide. Mais je voudrais surtout dire à quel point les professeurs documentalistes d’aujourd’hui et de demain sont les héritiers de toutes les actions académiques qu’il a menées pour porter au plus haut notre profession.

Son engagement était entier et il a exploré toutes les facettes de notre métier.

Professeur documentaliste au Collège Jean Bouin à l’Isle sur la Sorgue, il y fut l’initiateur de nombreux projets avec un souci permanent du travail en équipe et de la formation des collégiens. Homme de terrain, certes, mais déjà sa réflexion l’amenait vers des pistes de travail qui favoriseraient l’évolution de notre profession. C’est ainsi qu’il participera à la conception de la circulaire de missions en 1986 et deviendra membre du jury du CAPES dès la première session à Strasbourg.

Plus tard, il va être sollicité comme chargé de missions d’inspection par le rectorat d’Aix en Provence. Son rôle d’interface entre l’institution et les documentalistes a été déterminant. En effet, certains inspecteurs trouvaient en lui un précieux interlocuteur qui, finalement, « assurait leur formation ».

Cette fonction de formateur, il l’a pleinement exercée à tous les niveaux. Il ne refusait aucune sollicitation, il avait tant à donner ! Que ce soit à l’IUFM ou à l’Université, il était apprécié de tous, formateurs associés ou étudiants. Certains anciens étudiants rendent hommage à « son implication, sa bienveillance, son sens de l’écoute, son franc-parler ». Il accordait beaucoup d’importance aux questionnements, à la confrontation avec des idées peu conventionnelles. C’était une façon pour lui de créer un déclic. «  Un petit pas de côté qui te fait regarder les choses différemment ». Il savait impulser une image singulière et positive de la profession.

Dans les réunions professionnelles, ses idées et la justesse de ses propos, sa présence et son charisme ont fait de lui une personnalité incontournable dans le milieu de la documentation. Beaucoup se sentent « redevables » et témoignent de sa générosité tant il était toujours prêt à aider, rendre un service ou donner un coup de pouce. 

C’est probablement aussi au sein de l’Association académique que s’est révélée, à travers son militantisme, toute la cohérence entre ses valeurs humaines et son action professionnelle. Le nombre important d’adhérents dans les années 1990 est sans aucun doute le fruit de son enthousiasme, de son dynamisme, de sa capacité à fédérer autour de sa présidence toute une équipe de bénévoles, dont des vauclusiens. La revue Echanges reflétait la solidarité dans le groupe et l’état d’esprit qui guidait l’action associative.

Le point d’orgue de cette période fut le congrès de Marseille. Robert était trésorier mais il était très impliqué dans toute l’organisation. Son désir d’innover était sans faille. Toujours remettre en question, bousculer les habitudes était un leitmotiv. Aussi ce congrès aurait une dimension inédite. Nous avons proposé d’introduire pour la 1ère fois la notion de partenariat financier avec une association parrainée par une banque. L’idée repoussée au début par le bureau national fut acceptée après de nombreux échanges et rencontres. Rassurer, convaincre : Robert savait faire. Il ne renonçait jamais et tous les moments intenses vécus pendant ce congrès nous laissent des souvenirs cocasses.

Très pudique, Robert ne cherchait pas les honneurs, bien que médaillé des palmes académiques. Mais c’était une personnalité qui suscitait l’admiration, en raison de ses qualités professionnelle et de la force de son caractère, en particulier dans son combat contre la maladie.

Il continue à vivre en chacun de ceux qui ont eu la chance et la joie de le connaître mais aussi à travers ses écrits. Voici un extrait de son dernier recueil de poésie « Le vol de l’éphémère », publié à titre posthume.

« Comme l’éphémère, la vie est une somme de moments fugaces, parfois fulgurants, d’émotions courtes mais intenses, de sentiments fragiles, de joies fugitives ou de tristesse passagère, inscrits dans la brièveté du temps »

 

 

Françoise Albertini

Présidente de l'ADBEN Aix-Marseille de 1995 à 1998

Présidente de la FADBEN de 2007 à 2010